Cécités

les nerfs tendus, tendus,
les cordes de quel instrument,
mais tendus à l’extrême,
d’abord pensés tendus comme une corde à linge,
on perd aussi le sens du ridicule.
moi une pièce vide,
dedans quelqu’un y joue de la scie musicale,
assis au centre d’un faisceau de lumière,
immatériel,
très beau.
on est l’archer, on est la scie,
on le regarde jouer.
et lui c’est comme la musique,
on la voit, on ne l’entend pas.
on en entend une autre,
mais dedans,
on n’en peut plus dormir
on n’en dormira pas.
ce serait comme dire,
plus on est fatigué,
moins on dort.
c’est une autre fatigue,
on se repeuple un peu,
on sait se reremplir.
on sait ne pas l’avoir été,
quand était-ce.
on dormira plus tard,
d’autres nuits se préparent,
on reprendra des forces,
peut-être on les ramassera,
si on est sage,
plus sage encore on le saurait,
de se retenir juste à temps.